Nos maladies rares

• Pourquoi vous a-t-on prescrit un traitement anticoagulant ?

  Vous êtes atteints d’une maladie des vaisseaux du foie, suite à une obstruction d’une ou de plusieurs veines du foie. Un traitement anticoagulant dont l’objectif est de fluidifier le sang, vous a été prescrit. Ce traitement permet d’éviter l’extension du caillot et permet d’éviter que d’autres vaisseaux ne se bouchent.

  Tous les anticoagulants nécessitent des précautions car ils augmentent le risque de saignements.

  Tous les médicaments anticoagulants ont pour propriété commune de fluidifier le sang, par contre ils ont des spécificités propres qui rendent leur gestion différente. Il faut donc savoir quel est votre traitement et connaître ses spécificités pour mieux le gérer.

• Quels sont les traitements anticoagulants que vous pouvez avoir ?
• Les anticoagulants oraux :

Les Anticoagulants Oraux Directs (AODs) : XARELTO (20mg ou 15 mg ou 10 mg), l’ELIQUIS (5mg ou 2.5 mg), PRADAXA (110 mg ou 150 mg) 

Les Antivitamines K (AVK) : SINTROM 4mg, MINISINTROM 1mg, COUMADINE 2mg, COUMADINE 5mg, PREVISCAN 20mg. 

Les anticoagulants par voie parentérale (Intra veineuse (IV) ou sous-cutanés (SC)). Ils sont généralement prescrits à la phase aigüe de la thrombose en particulier lors de l’hospitalisation et sont ensuite relayés par les anticoagulants oraux.
– les héparines : héparine, calciparine, héparines de bas poids moléculaires (LOVENOX FRAGMINE, FRAXIPARINE, INNOHEP, FRAXODI, CLIVARINE), le fondaparinux (ARIXTRA)
– le danaparoïde sodique (ORGARAN) ; argatroban (ARGANOVA) .

Le fondaparinux et le danaparoïde sodique et l’hirudine sont des traitements utilisés lorsqu’il existe une allergie connue aux autres traitements à base d’héparine.

• Les anticoagulant oraux directs (AODs) :
• Comment fonctionnent-ils?
  Les AODs sont des petites molécules qui vont bloquer directement un facteur de la coagulation, soit le F Xa ce sont les Xabans (ELIQUIS et XARELTO) soit le facteur IIa c’est le PRADAXA. Ils agissent directement en freinant la coagulation. L’effet est rapide et maximal généralement 3h-4h après la prise. La demi-vie du médicament est assez courte, l’effet disparait donc également assez rapidement généralement en 24 à 48 h. Ces médicaments sont éliminés par le rein il y a donc un risque d’accumulation en cas d’insuffisance rénale. Ils sont également en partie métabolisé par le foie et ne sont donc pas indiqués en cas d’insuffisance hépatique sévère.

  Le XARELTO se prend en une prise par jour et au cours d’un repas.
  L’ELIQUIS et le PRADAXA se prennent en deux prises par jour, matin et soir.

• Comment surveiller les traitements anticoagulants oraux directs ?
  Il n’y a pas de surveillance biologique spécifique du traitement anticoagulant. Par contre il peut y avoir des interférences/ perturbations des tests de coagulation qui ne doivent pas être mal interprétés ; il faut donc toujours informer le laboratoire et le médecin de la prise de l’AOD lors d’un bilan d’exploration de la coagulation.
  Par ailleurs, une surveillance de la numération sanguine, du bilan rénal et hépatique est à faire au moins une fois par an, afin de vérifier la tolérance et l’absence de contre-indication.
  
  
• Doit-on éviter certains aliments sous AOD ?
  Il n’y a pas d’interaction alimentaire car le mécanisme d’action du médicament est tout à fait indépendant de l’alimentation, il n’y a donc aucun effet de celle-ci sur le traitement. Par contre, la prise d’alcool doit toujours être évitée.
• Peut-on prendre des médicaments en même temps qu’un AOD ?
  Il y a très peu de médicaments qui interférent et qui peuvent donc modifier l’effet des AODs, cependant de rares médicaments peuvent augmenter ou diminuer leur effet il faut donc toujours prévenir son médecin de la prise de son AOD.
  Sauf prescription ou avis de votre médecin, il ne faut pas prendre un autre médicament qui fluidifie le sang même ceux obtenus sans ordonnance comme l’aspirine ou certains anti-inflammatoires (feldène, nifluril…) car ils augmentent le risque hémorragique.
  Les AODS remplacent très souvent les AVK car ils sont beaucoup plus simple d’utilisation, ils ne nécessitent pas de surveillance régulière au laboratoire, ils ne nécessitent pas de relai, et sont aussi efficaces avec moins de risques hémorragiques graves. Cependant les études « pivots » ayant permis la mise sur le marché de ces traitements n’avaient pas inclus de patients avec des thromboses porte ou mésentérique et avaient exclus tous les patients avec atteintes hépatiques.  Leur utilisation a donc été progressive dans les maladies vasculaires du foie. L’étude RIPORT soutenue par l’AVF a permis de montrer leur efficacité dans le traitement de la thrombose porte.
  Cependant, dans certaines situations ils ont montré une moins bonne efficacité que les AVK (Syndrome de Anticorps Anti-Phospholipides, valve mécanique), Ils sont parfois contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère ou d’insuffisance hépatique, avec de rares médicaments, enfin leur efficacité n’est pas connue dans certaines situations pathologiques rares. C’est pourquoi les AVKs sont encore parfois utilisés.
• Les Anti-Vitamine K :
• Comment fonctionnent-ils ?
  Un antivitamine K est un médicament anticoagulant en ralentissant la coagulation. La vitamine K est nécessaire à la fabrication des facteurs de coagulation. Ainsi les anti-vitamine K en s’opposant à l’action de la vitamine K, diminuent la fabrication (synthèse) de ces facteurs de la coagulation et donc ont une action anticoagulante.
  Le traitement se prend sous forme de comprimés, par voie orale.
  L’effet anticoagulant est retardé, apparaît au bout de 24h à 96 h après la prise du comprimé selon le médicament prescrit et selon le patient. Le SINTROM agit plus rapidement que le PREVISCAN qui lui-même agit plus rapidement que la COUMADINE.
  De même cet effet anticoagulant ne disparaît que 72 h à 96 h après la dernière prise. Il faut donc prévoir d’arrêter le traitement quelques jours avant une intervention (chirurgie, extraction de dent….) et que votre médecin prévoit un « relais » avec des médicaments qui agissent plus rapidement et moins longtemps. Ces médicaments sont généralement des héparines de bas poids moléculaire.
  Le traitement par AVK doit être suivi avec une grande vigilance car deux risques principaux doivent être évités : l’hémorragie parfois liée à un surdosage, et la thrombose liée à un sous-dosage.
  La COUMADINE est l’AVK le plus souvent prescrit car il est plus « stable » que le SINTROM et le PREVISCAN. Le PREVISCAN ne peux plus être prescrit en 1^ère intention depuis 2021.

   

• Qu’est-ce qu’un INR ?
  L’INR (International Normalized Ratio) est un examen de laboratoire réalisé à partir d’un prélèvement de sang qui ne nécessite de ne pas être à jeun. L’INR permet d’évaluer l’activité du traitement anti-vitamine K. Il mesure le temps de coagulation d’un patient et le compare à celui d’un sujet qui ne reçoit pas de traitement anti-vitamine K. En dehors des maladies du foie, chez un sujet non traité, l’INR est proche de 1. Chez un patient traité par un antivitamine K, plus le sang est  » liquide » ou « fluide « , plus le temps de coagulation s’allonge et plus l’INR augmente (c’est-à-dire est supérieur à 2).
  L’INR  » cible  » est la valeur d’INR à rechercher pour obtenir un traitement équilibré (sans risque d’hémorragie ou de thrombose) :
  – Il est possible également de mesurer soi-même à domicile l’INR à l’aide d’un petit appareil le coagucheck. Il faut avoir une petite formation pour l’utiliser et les premiers INR seront vérifiés avec l’INR déterminé au laboratoire afin de bien vérifier l’exactitude du coagucheck et sa bonne utilisation.
  – La cible thérapeutique habituelle se situe généralement à une valeur d’INR entre 2 et 3.
  – Si l’INR est plus bas que 2, c’est qu’il existe peut-être un sous dosage et donc un risque d’obstruction des vaisseaux. Il faut donc contacter le médecin qui vous suit pour éventuellement modifier les doses.
  – Si l’INR est plus élevé que 3, c’est qu’il existe un surdosage. Il y a donc un risque de saignement.
  – Un INR supérieur à 5 est associé à un risque hémorragique très significatif.
  – Un traitement équilibré correspond à un INR stable lors de plusieurs contrôles consécutifs pour une même dose

  Lorsque le foie ne fonctionne pas correctement (facteur V bas), la surveillance de l’INR peut être compliquée pour bien équilibrer le traitement. Votre médecin peut dans ce cas surveiller vos facteurs de coagulation pour équilibrer votre traitement anticoagulant dans un centre spécialisé .  

• Quand doit-on contrôler son INR ?
  En début de traitement, l’INR doit être mesuré fréquemment pour adapter la dose d’anti-vitamine K qui convient car correspondant à l’obtention de l’INR  » cible «. En effet, la même dose d’anti-vitamine K ne provoque pas le même ralentissement de la coagulation chez tous les patients.
  Une fois que la dose appropriée est déterminée, la fréquence du contrôle de l’INR peut diminuer progressivement, mais il devra être effectué au moins une fois par mois.
  Certaines circonstances particulières peuvent provoquer un déséquilibre du traitement en augmentant, ou au contraire en diminuant, son effet anticoagulant. Ces circonstances sont principalement représentées par la prise simultanée de certains médicaments. Elles nécessiteront des contrôles supplémentaires de l’INR afin d’adapter la dose.
• Quels sont les signes évocateurs de surdosage ?
  Un surdosage (INR >5) peut se traduire par une augmentation des saignements (saignement de nez, bleus, saignement dans les urines etc…) mais le plus souvent, il passe totalement inaperçu et ne se complique pas de saignement.
  En fonction des résultats de l’INR et des signes cliniques, votre médecin prendra les mesures nécessaires. Celles-ci peuvent aller de la simple suppression de dose à l’administration par voie orale ou injectable de vitamine K.

  En cas de suspicion d’hémorragie, il faut contacter rapidement votre médecin traitant.
  Le carnet d’information et de suivi des antivitamines K rappelle les règles de bon usage et vous permet :
  – De disposer des résultats d’INR,
  – De toujours signaler la prise d’anti-vitamine K à votre médecin, pharmacien, biologiste, chirurgien, dentiste, kinésithérapeute ou infirmier (ère).

• Peut-on prendre des médicaments en même temps qu’un anti vitamine K ?
  Il est dangereux de prendre d’autres médicaments que ceux prescrits par un médecin, car nombreux sont ceux qui modifient l’action des anti-vitamines K :
  ¤ soit en augmentant leur effet (surdosage), avec risque d’hémorragie,
  ¤ soit en diminuant leur effet (sous-dosage) avec risque de thrombose
  
  La règle, très simple, consiste à ne jamais utiliser de médicament qui n’ait été prescrit par un médecin. Il ne faut jamais prendre un autre médicament de sa propre initiative, même ceux obtenus sans ordonnance (par exemple, l’aspirine).
  Cette règle s’applique en toutes circonstances, y compris dans des situations très banales, telles la survenue d’une douleur, d’un rhumatisme ou d’une infection, qui doivent amener à consulter votre médecin traitant.

   

• Faut-il changer son alimentation lorsque l’on est traité par Antivitamine K ?
  Non. Cependant, il faut savoir que certains aliments sont riches en vitamine K : tomate, brocolis, laitue, épinards, choux, choux-fleurs, choux de Bruxelles…
  En théorie, ces aliments peuvent diminuer l’effet de l’antivitamine K. Cependant, en pratique, ils ne sont pas interdits, à condition de les répartir régulièrement dans l’alimentation et de les consommer sans excès.

  Pour tous les traitements anticoagulants AODs ou AVK:
  

• Faut-il signaler que l’on prend un Anticoagulant ?
  Oui, toujours, pour éviter tout risque de geste dangereux, il faut toujours signaler toute prise d’antivitamine K ou AODs au personnel médical et paramédical :
  médecin, chirurgien, anesthésiste, dentiste, pharmacien,
  sage-femme, kinésithérapeute, infirmière, biologiste…
  

Portez toujours sur vous, une carte mentionnant que vous prenez un anticoagulant 

• Que faire si on oublie de prendre son traitement ?
  Il ne faut jamais doubler la prise d’anticoagulant car cela expose à un risque accru de saignement. On peut rattraper la prise oubliée dans un délai de 6h, 8h ou 12h ce délai dépend de la molécule prise. Il est donc important de bien connaitre son traitement. Il est utile de suivre un programme d’éducation thérapeutique.
• Que faire en cas de grossesse ou de souhait de grossesse ?
  L’utilisation des AVK et des AODs est contre-indiquée pendant la grossesse.

  Un traitement par héparine de bas poids moléculaire doit être débuté par votre médecin dès votre désir de conception. Il est donc important que vous préveniez votre médecin si vous souhaitez entreprendre une grossesse ou si vous découvrez que vous êtes enceinte.
  En cas de grossesse survenant sous AVK ou AODs, il est très important d’arrêter au plus tôt les anticoagulants oraux en particulier avant la 6 ème semaine d’aménorrhées pour les AVK.Quelles sont les consignes à connaître pour éviter une hémorragie ?

Pour éviter une hémorragie, il faut :

– Signaler la prise du traitement anticoagulant au personnel médical et paramédical,
– Eviter les sports ou les comportements violents susceptibles d’entraîner des traumatismes qui pourraient déclencher un saignement, porter systématiquement un casque s’il existe un risque de chute sur la tête.

– Eviter les injections par voie intra-musculaire susceptibles d’entraîner un hématome,
– Manipuler avec beaucoup de précaution les objets tranchants.

– Connaitre les situations à risque et les signes de saignements anormaux et/ou dangereux. Ceci peut être bien appréhender dans le programme d’éducation thérapeutique.

Source:Centre de Référence des Maladies Vasculaires du Foie (CRMVF) Hôpital Beaujon.

• De nombreux patients atteints de maladie des vaisseaux du foie nécessitent la pose d’un TIPS. Nous sommes également nombreux à nous interroger sur ce que recouvre cette intervention.
  L’AMVF a donc décidé de porter à votre connaissance les informations indispensables pour comprendre ce traitement.

  Retrouvez ici la plaquette dédiée au TIPS